« Je me sers d’animaux pour instruire les hommes ». Sur les pas de La Fontaine, nous irons nous aussi célébrer cette première édition du festival d’été Les Arts par Nature dédiée aux oiseaux. Des oiseaux pour mieux nous parler des hommes, masques jumeaux, réunis à la ville comme à la campagne. Le second ne descend-il pas du premier et le premier n’est-il pas le messager du second ?
Oiseaux de bons ou de mauvais augures, les volatiles peuplent nos vies et nos imaginaires. Nous partageons avec eux notre terre et nos rêves, dans le sillon des fabulistes et des moralistes dont les pamphlets et affabulations sont d’autant plus vrais et cinglants qu’ils observent nos travers existants. Ni tout à fait hommes, ni tout à fait bêtes, les hommes, comme les animaux des fables, vivent à l’avers comme des hommes tout en se conduisant au revers comme des bêtes. Faire parler l’animal en nous, oiseaux prophètes, et éveiller le poète, voilà le jeu de miroir en eaux évanescentes dans lequel entend vous plonger cette édition n°1 des Arts par Nature.
Il est intéressant de s’interroger sur ce que les oiseaux et leurs chants nous disent de nous-mêmes, de notre rapport à la terre. Que nous disent-ils de la santé et de la richesse de notre environnement, de la diversité de nos écosystèmes ? Que nous disent-ils, au-delà, de nos sociétés humaines, de ses modes de représentation, de notre rapport aux arts et au sacré ?
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Nous avons diligenté, auprès de la LPO Vendée, un tout premier inventaire des oiseaux, nicheurs ou de passage, sur le terroir du Prieure La Chaume. 28 espèces ont été identifiées, entre plaine et marais : un cortège d’oiseaux en déclin qui depuis dix ans y a trouvé refuge. Ils nous enseignent, à les observer, sur la nature du terroir et à les écouter, sur sa couleur musicale. Une symphonie pour un terroir, en perpétuel mouvement, dans le temps de la nature, scandé par la ronde des saisons et l’alternance du jour et de la nuit.
Entre plaine et marais, le terroir du Prieure La Chaume fait entendre une symphonie merveilleuse d’oiseaux protégés où s’entremêlent les trilles en vol ascensionnel de l’Alouette des champs, les variations suraiguës du Busard cendré, les roulades de la Linotte mélodieuse qui veille sur les ceps de vigne. Elles font écho aux sons rêches et graves du Tarier pâtre, gardien des prairies, aux notes claires et flûtées de la Grive musicienne et du Rossignol philomèle, musiciens virtuoses, nargués par les aiguës mélancoliques du Bruant jaune qui, ayant inspiré Beethoven, tente de leur faire admettre qu’ils ne sont pas les seuls chefs à bord ! Le Martin-pêcheur d’Europe, lui, nous rappelle que la mer ondoyait, il y a quelques siècles, au pied du terroir.
Sur le terroir ouvert du Prieure La Chaume, les sons s’évaporent, chants d’amour ou chants d’aurore à la virtuosité sans égale. Aucun écho ne répond à leurs voix et elles meurent en ondulation qui se perdent à l’infini.
Cette beauté nous engage et nous lie, en éternelle harmonie.